Tourisme & Voyage

Ce que cachent les nouveaux critères d’accréditation Iata selon Tourcom

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Au 1er juillet 2016, les nouveaux critères d’accréditation d’IATA entreront en vigueur, un durcissement justifié par l’association par la nécessité de se protéger contre les défaillances d’agences. Mais Richard Vainopoulos, président de Tourcom, y voit surtout un moyen de resserrer le marché pour rétablir le monopole des plus grands acteurs.

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Des conditions financières drastiques pour les agences

 

Toute agence désireuse de vendre des billets d’avion devra à partir de juillet présenter des capitaux propres positifs. Le rapport entre ses capitaux propres et dettes à long et moyen terme ne pourra excéder 0,5. Enfin, sur les trois exercices précédents, l’Ebidta positif devra représenter le double des charges financières. À défaut, elle doit fournir une garantie financière à Iata.

Selon cette dernière, ces critères sont imposés pour atteindre l’objectif « zéro risque » en matière d’impayés des agences de voyages ». Or, selon Tourcom, le taux de sinistre n’a plus dépassé 0,24 % depuis 2008, année de la défaillance de Wasteels.

À l’inverse, dans le secteur aérien, les défaillances des compagnies se multiplient, avec six dépôts de bilan en 2015 et la liquidation d’Air Méditerranée en début d’année. Ces compagnies, qui augmentent leur propre sécurité, la refusent pourtant aux agences de voyages en rejetant la proposition de mise en place d’un fonds de garantie.

Exclusion d’une majorité d’agences

La décision d’Iata va évidemment exclure un grand nombre d’agences émettrices ne disposant pas des moyens de payer la garantie ou soucieuses de garder le contrôle de leur croissance. Ce phénomène va laisser la place libre aux réseaux intégrés tels qu’American Express ou Carlson Wagonlit, auxquelles s’ajouteront quelques agences de grande envergure.

Ce retour au monopole se fera malheureusement au détriment des petites agences indépendantes, dont les revenus vont chuter rapidement. En outre, les acteurs restants ont conclu des accords avec les plus grandes compagnies aériennes, écartant de fait les petites et moyennes compagnies, par ailleurs liées aux agences indépendantes.

Avec cette stratégie d’Iata, l’espace aérien va à terme se retrouver en situation de monopole, dominé par les grands majors. Et cela, après à peine quelques décennies de libéralisation.